HOM’UP : un accompagnement pour les jeunes LGBT en rupture familiale
L’HOMOPHOBIE TOUJOURS PRESENTE
Les agressions physiques ou insultes envers les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles et Transgenres (LGBT) avaient augmenté de 36% en 2019. Pendant la crise du COVID le gouvernement a débloqué un budget pour un "plan d'urgence" permettant de financer des nuits à l'hôtel pour les personnes LGBT qui se retrouvent chasser de chez eux en raison de leur orientation sexuelle.
C’est souvent au sein de la famille, que les jeunes rencontrent le plus de difficultés de communication avec leurs proches, et d’acception de la part de ceux-ci. Selon les chiffres de SOS Homophobie, parmi 160 témoignages de personnes homosexuelles évoquant des discriminations au sein de leur famille ou de leur entourage, 80 % signalent des formes de rejet de la part de leurs proches, et la moitié a subi leurs insultes.
Au moment de leur « Coming-out » certains d’entre eux sont mis à la porte, rejetés par leur famille. Les parents ont souvent l’idée que leurs enfants remettent en cause leur modèle familial ou leur religion. Les réactions familiales peuvent alors être violentes, les jeunes témoignent de menaces ou de chantages. Parfois c’est eux qui décident de s’échapper de l’environnement toxique que leur impose leur milieu familial.
HOM’UP les accueille et les abrite pendant 3 mois (renouvelables), le temps de poser leurs valises et de réfléchir avec les travailleurs sociaux à une solution pour sortir de ce qu’ils vivent comme une impasse.
« Ce dispositif d’hébergement et d’accompagnement est né du constat que les dispositifs existants ne sont pas adaptés aux jeunes homosexuels ou transgenres car les raisons mêmes de l’exclusion sont difficiles à nommer » nous dit Fabien BELIARDE directeur d’activité
En effet, dans l’hébergement généraliste, selon un audit de la F.A.S, il semblerait qu’il existe une absence de protocole et d’outils pour permettre un accueil bienveillant, sécurisant, et un accompagnement plus adapté pour les personnes lesbiennes, gaies, bies, transgenres, intersexuées et queer. Les équipes d’accueil, elles, ont fait part du manque d’informations pour répondre avec réactivité aux comportements violents et discriminants dans le collectif.
HEBERGER OUI, MAIS ACCOMPAGNER MARQUE LA DIFFERENCE
Aujourd’hui HOM’UP héberge 6 jeunes dans 2 appartements. Ils sont orientés par l’inter-LGBT de Nantes ou ils appellent directement le service prêt à les accueillir. Avant de rencontrer l’équipe du service, certains jeunes ont dû compter sur le canapé d’amis pour avoir un toit sur la tête, ont dormi dans des hébergements d’urgence, des hôtels ou à la rue.
A HOM’UP, on ne se contente pas d’une mise à l’abri, les professionnels les accompagnent aussi dans des démarches d’insertion sociale et professionnelle.
« Savoir que ce lieu d’accueil existe et que je peux voir l’équipe ou discuter avec d’autres personnes hébergées est rassurant. » explique Félix jeune transgenre de 20 ans.
Les objectifs de ce service sont larges : lutte contre l’isolement, veille sur les conduites à risques sur le plan de la sexualité ou des addictions, accompagnement à la formation, à l’emploi et à la demande d’asile et la liste n’est pas exhaustive...
« J’interviens dans le cadre d’entretiens individuels pour faciliter les démarches sociales et administratives mais aussi dans un rôle de régulation dans les appartements s’il survenait des tensions » explique Sylvie VAILLANT aide médico-psychologique.
Or, la cohabitation, d’une manière générale, se déroule bien, les lieux sont entretenus avec responsabilité, sans oublier l’organisation de moments conviviaux : « Je fais une soirée avec eux, un repas avec chacune des colocations une fois par mois, c’est très sympa ! » ajoute Yoann HARDY
Il s’agit de permettre à ces jeunes de s’abriter, tout en préparant une sortie constructive, les accompagner vers l’autonomie et les aider à se déployer.
Faby arrivé de Guinée-Conakry en 2017 parce qu’il était menacé à cause de son orientation sexuelle confie : « Je suis soulagé d’être hébergé, d’avoir une aide pour manger et pour les transports, ça fait du bien ; l’accompagnement de l’Association dans mes démarches administratives m’aide vraiment beaucoup ».
UN DISPOSITIF EXPERIMENTAL QUI FAIT SES PREUVES
Le bilan est très positif, plusieurs jeunes hébergés ont continué leurs études ou trouvé un travail et un logement, d’autres sont retournés dans leur région d’origine. Ce dispositif encore expérimental propose une prise en charge rapide et efficace à ces jeunes en rupture avec leur famille, parfois avec leur pays.
L’équipe du service a également mis en place des actions de sensibilisation sur les conduites à risques dans les lieux festifs, en distribuant les cartes de visite de la structure. Hom’Up travaille en lien étroit avec des associations du milieu LGBT Nantais comme Nosig, contact 44, SOS Homophobie, Yoann Hardy travailleur social Hom’Up nous précise :
« Nous pouvons aussi bénéficier de l’expertise de ces associations en terme d’action de prévention sur les conduites à risques. De leur côté quand ils reçoivent des jeunes ils nous les orientent ».
HOM’UP S’INSTALLE AUSSI A PARIS POUR LES PERSONNES LGBT DEMANDEURS D’ASILE
Un nouveau dispositif HOM’UP géré par l’association Aurore en partenariat avec l’ARDHIS (l’association pour la défense des droits des personnes LGBTQI+ à l’immigration et au séjour) devrait voir le jour bientôt à Paris. En effet, 18 places sont prévues pour accueillir exclusivement des jeunes adultes exilés/demandeurs d’asile ou réfugiés ayant fui leur pays par crainte de persécutions en raison de leur orientation sexuelle et affective ou de leur identité de genre, vivant dans la précarité sans possibilité d’hébergement. Un accompagnement personnalisé permettra de soutenir l’intégrité, l’identité, la vie sociale et la demande d’asile.
« Maintenant que j’ai un travail, j’ai envie de commencer à vivre ma vie ! » conclue Ryan.