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Témoignage Virginie, des papiers tant attendus !

Ce témoignage, retranscrit dans son authenticité, a été recueilli en avril 2024.

 

Ca a été vraiment une joie immense quand nous avons eu le retour de la Préfecture qui disait que mes papiers étaient prêts. J’ai rendez-vous pour les récupérer.

J’ai crié de joie : après tant d’années de galère, de souffrance…

 

Je suis arrivée en France en 2011, il y a 13 ans

Je viens du Cameroun. J’étais une femme battue par le papa de mes enfants, pour un rien, pour un oui, jusqu’au point de passer à la vitesse supérieure, c’est-à-dire la tuerie. Alors là, j’ai été obligée d’aller me cacher quelque part. Il était même capable de payer une personne pour m’éliminer.

J’ai deux enfants, une fille, qui a 21 ans. Et le garçon, il aura 19 ans le 18 novembre.

Je suis arrivée à Paris au mois de décembre, et le 23 mars j’étais paralysée, tout d’un coup. Ca m’est arrivé comme ça. Je me suis réveillée, j’étais paralysée. Si je continuais mon sommeil jusqu’au matin, peut-être on m’aurait retrouvée morte.

A ce moment-là, j’étais à la belle étoile.

 

Ils appellent ça le syndrome des Loges

C’est une maladie qui atteint les muscles. Je ne sais pas d’où elle est venue, de quel trou elle sort. Le médecin, le chirurgien, l’orthopédiste n’en revenaient pas. Ils ont fait tous les examens, sang, étiologie, biopsies, ils ne savaient pas ce qui avait causé ça.

Ils m’ont opérée des deux jambes. J’ai fait deux ans sur un lit d’hôpital. Ça a été vraiment un calvaire pour moi !

Maintenant, j’ai de la rééducation à vie, parce que j’ai un trouble de la marche. Si je trébuche, je tombe. Je n’ai pas de force dans les pieds, je ne peux pas marcher longtemps.

 

Un titre de séjour pour raison de santé

Quand je suis sortie de l’hôpital, je devais aller dans un centre d’hébergement qui s’appelle Cœur de femmes. A ce moment-là, j’étais en fauteuil roulant. Quand j’ai compris que je ne pourrais pas y aller avec le fauteuil, j’ai commencé avec les béquilles, j’ai forcé. Au début, à tous les coups, je tombais. J’ai dit « Je ne monterai plus dans le fauteuil ! ». Je me forçais, je ne lâchais pas le morceau. J’avais un moral d’acier.


Il y avait une assistante sociale qui a fait les démarches et j’ai eu un titre de séjour maladie.

Une fois chez Cœur de femmes, j’ai voulu travailler et j’ai décidé de ne plus utiliser mes béquilles. J’ai passé un entretien, à Boulogne-Billancourt, pour garder des enfants.

 

Le lendemain de l’entretien, j’ai eu la réponse : ils m’ont retenue ! J’avais les papiers de maladie, j’ai été déclarée. Ils m’ont embauchée en 2015 et j’ai gardé des enfants jusqu’en 2021.


En 2020, mes papiers de maladie se sont arrêtés, parce qu’ils disaient que ça allait. Là, ça a été la dépression.


Avec mon référent, on a vu la juriste d’Aurore, on a tout essayé, on a fait des recours. Mais la loi disait que mon titre de séjour devait cesser.

J’étais aussi tombée dans le bénévolat, depuis 2016. J’étais à la Ressourcerie, près d’Alésia. Je me suis dit « Virginie, tu as une belle expérience, tu ne te laisses pas ! ».

Avec mon référent, on a fait des recherches et on a vu qu’on pouvait faire le recoupement des 10 ans de présence sur le territoire, avec les preuves. Et avec le travail et le bénévolat, j’avais plein de preuves, c’est ce qui m’a sauvée.

Et le titre m’a été accordé au mois de janvier et maintenant je vais le récupérer !

 

Avec le référent, j’ai refait mon CV

J’attends mon titre pour le lancer.

Puisque je ne peux plus tenir longtemps debout, j’ai fait la démarche d’un CV d’accueil : dans un service d’accueil, à la caisse, peu importe : là où il n’y a pas de lourde charge.

Je veux un travail normal, 35 heures ; parce que je suis reconnue MDPH, mais je m’en fous ! Moi je veux mes 35 heures, je veux travailler comme tout le monde.

Dès que j’ai mes papiers, je cherche un travail ! Dans les jours qui suivent, je veux le coup de fil ! Je veux qu’on m’appelle et qu’on me dise que je vais passer un entretien d’embauche. Je ne veux plus rester à la maison. J’ai envie d’avancer.

Avec ma référente, on a rempli un dossier pour un logement, on attend le titre de séjour pour le déposer à la mairie. Tout maintenant, se réfère à mon titre. Après, ce sera l’enchaînement.

Depuis 2011 je n’ai pas vu mes enfants. J’irai là-bas les voir. Heureusement, on se parle par whatsapp, ça nous a sauvé la vie, on s’appelle en vidéo, on se voit, c’est comme s’ils étaient tout près de moi.

Bientôt, j’aurai 52 ans et, juste après, j’aurai mon titre de séjour. Ce sera mon cadeau d’anniversaire de 2024, je n’oublierai jamais.

Moi je suis toujours souriante, parce que j’ai trop souffert dans la maladie. Ce qui fait que si on me fait du mal, moi je ris.

Je ne me prends pas la tête, j’avance.