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Témoignage d'Olha, réfugiée ukrainienne

Olha, réfugiée ukrainienne

“La guerre en Ukraine a commencé le 24 février et je suis arrivée en France le 18 mars 2022, avec mon fils et ma mère.” Ce témoignage, retranscrit dans son authenticité, a été recueilli en avril 2024.

 

 

Du travail et un logement

Nicolas et Théo, qui sont des éducateurs, sont les premières personnes que j’ai rencontrées. J’ai demandé à chercher du travail et un logement. Après 2 mois ils me donnaient les clés d’un appartement dans le centre-ville. Au début d’avril, mon fils a commencé les études au collège.

Pour moi, c'était très intéressant d’habiter dans le centre d’une ville ancienne, mais ma maman a des problèmes avec sa santé, avec ses jambes, mais dans cet appartement, il y avait un escalier et c’était difficile pour elle. J’ai demandé à Nicolas et Théo pour changer d’appartement, ce qu’on a fait à l’été 2022.

Maintenant, mon fils a 15 ans. Il finit le collège cette année et après il va entrer au lycée.


Ce n’est pas facile, mais c’est bien pour lui.

Quand je suis arrivée en France, je pensais que je venais pour 1 ou 2 mois, j’attendais la fin de la guerre et j'ai continué mon travail, de mon domicile, avec l’Ukraine.

Mais en novembre 2023, j'ai décidé que je ne peux pas revenir en Ukraine. Je ne pense plus que la guerre va bientôt finir, donc je dois rester ici pour mon fils, pour lui donner une opportunité d’étudier en université en France. Donc j'ai commencé à apprendre le français.

 

 

Se réorienter professionnellement

J’ai demandé à Hamida et Guillaume, qui travaillent chez Aurore, de m’aider pour la formation de langue française. J’ai dit à Guillaume « Aide-moi à m’inscrire à France travail ». Il a demandé une formation à l’OFII : j’ai fait une première formation et maintenant j'ai une deuxième formation de France travail.

J’ai deux diplômes : le premier, c’est un master en droit. Je travaillais comme policière en Ukraine. Je suis aussi enseignante de langue russe. Mais je travaillais en agence média, Essence Mediacom. A Paris nous avons aussi un bureau. C’est une agence mondiale de publicité. Par exemple, vous connaissez Bepanthen, Berocca, Teraflex, du laboratoire qui s’appelle Bayer ? Je faisais la publicité pour ce client par exemple, ou pour la marque de bijoux Cartier, Playstation, Whirlpool, Indesit, Peugeot, Citroën, et d’autres.

J’ai eu un entretien d’embauche avec une femme du bureau de Paris, mais elle m'a dit que je dois apprendre le français pour le travail et je dois avoir le diplôme. Mais je n'ai pas le diplôme du marketing… Je pense que je ne peux pas travailler en France comme avant en Ukraine, donc maintenant je dois choisir une nouvelle solution pour moi : j'ai un diplôme d'enseignante de langue russe. Peut-être je dois chercher du travail dans une grande ville comme Paris ou Nice, parce qu’il y a des gens qui arrivent de Russie, de pays où on parle russe. Je sais qu’à Montpellier, par exemple, il y a aussi le lycée avec de la philologie russe.

Je vais chercher le travail de professeur de russe quand je serai diplômée.


J’enverrai un message à la dame qui travaille à l’agence Médiacom de Paris, quand je sens que je serai capable de parler couramment en français.

 

 

La maîtrise de la langue française

J’ai eu la possibilité de faire un stage linguistique dans le bureau d’Aurore à Mende. Pendant deux semaines, j’ai été ici avec des Français. Ils parlent beaucoup, et c’est bien pour moi ! J’ai un problème avec la compréhension, alors ici j’écoute beaucoup. Ce n’est pas facile, mais c’est très utile. J’espère que je vais pouvoir améliorer mon français ici, avec eux.

Mon fils parle bien. C'est difficile pour lui parce qu’il est adolescent et c'est l’âge difficile. Il n’a pas de copains français, il n’a pas beaucoup de temps : il étudie dans collège français ici, et quand il revient à la maison, il fait l’école avec un professeur ukrainien en zoom, pour continuer l’éducation de l’école ukrainienne.

Donc il n'a pas beaucoup de temps pour les connaissances avec les enfants français – et aussi parce qu’il est fermé. Il veut revenir en Ukraine…

Avant c’était très difficile pour lui de comprendre les cours en français. Maintenant, il me dit que c’est bon.

Il est très bon en mathématiques, en anglais, il a un peu de difficultés en histoire et géographie. Et je vois de bonnes évaluations dans chaque bilan, de chaque professeur. Ils écrivent « Bravo », « Super » : c’est bon, oui, il n’y pas de problème.

Il pourra aller ensuite au lycée général et à l’université. Je suis contente, je suis fière de lui.

 

 

Entre deux pays

Je suis mariée, et mon mari est à Kiev. Il peut nous visiter, il peut quitter le pays, maintenant. Après la guerre, il va rester en Ukraine, parce qu’il a une petite entreprise à Kiev : il est comptable, il a douze salariés. C’est très difficile en Ukraine, mais il ne peut pas trouver de travail ici parce qu’il ne parle pas la langue.

Moi je parle anglais aussi, je peux parler polonais, russe, ukrainien, un peu français. Mais mon mari, non, c'est ukrainien, russe et c'est tout. Donc il va rester en Ukraine et il m'a dit « Olha, tu dois habiter à côté de l'aéroport. Parce qu’après la guerre, quand l’aéroport va rouvrir –nous pourrons nous voir tous les deux mois ».
Donc je dois trouver le travail dans une grande ville.

Mon rêve est que mon fils ait une formation qui lui donne la possibilité de travailler où il veut. Parce que j’ai deux diplômes, mais je ne peux pas travailler ici. Et je voudrais que mon fils ait un diplôme et qu’il puisse travailler en Ukraine, en France, en Allemagne, je ne sais où.

 

 

Un accompagnement précieux

Je veux dire que je suis très contente d’être aidée avec tous les demandes. Je n’ai pas demandé à Hamida et Guillaume très souvent, mais chaque fois que j'ai demandé, je sens le soutien et je vois le résultat. Par exemple j’ai demandé à organiser l'escalade ou la colonie de vacances l’été dernier pour mon fils.

Ma maman n’est pas en bonne santé et elle a eu une chirurgie avec les jambes, et l’équipe d’Aurore a accompagné toutes les étapes. Quand je ne sais pas ce qu’il faut faire, je peux appeler Hamida : « Je ne sais pas, aide-moi », et toujours elle m’aide.

Par exemple, quand j’ai demandé pour le stage, Frédéric m’a dit oui mais normalement je sais que c'est difficile de trouver un stage dans un bureau.

Après le stage, je vais revenir à formation linguistique FLE - français langue étrangère. Je finirai fin juin. Après je vais chercher le travail.

Ma maman veut revenir en Ukraine parce qu’elle n'est pas autonome ici. En Ukraine, elle habitait dans le Dombass, elle était autonome et pour elle, c'est très difficile d’habiter avec moi, de faire tout avec moi, avec Aurore, … Mais avec sa santé, c'est mieux.

Moi, ça va. Je suis contente, parce qu’aujourd’hui, je sais ce que je vais faire demain. Et je fais du sport, je cours, je fais de la zumba. Ca me donne de l'énergie, ça me donne la sensation que je suis vivante.

 

 

Il s'agit du jardin botanique de la place Kyiv Pechersk Lavra. D'après Olha, Kiev est une ville très bruyante,

elle avait son dernier bureau devant ce parc et on pouvait entendre les oiseaux au milieu des lilas.