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Témoignage de Yaya, son parcours de la Côte d'Ivoire jusqu'en France

Ce témoignage, retranscrit dans son authenticité, a été recueilli en mai 2024.

 

Je m’appelle Yaya, je suis arrivé de Côte d’Ivoire en 2018. En 2020, un monsieur m’a montré l’accueil de jour Itinérances parce que j’étais dans la rue, il m’a dit que je pouvais y aller pour me laver, rencontrer des gens, pour pouvoir m’aider un peu pour les papiers, l’administratif et tout cela.

Entre 2018 et 2020, j’étais dans la rue

Les gens me donnaient un peu pour que je mange.

Ça a changé, quand j’ai rencontré Itinérances, parce qu’il y a des choses que je ne pouvais pas avoir, qu’ils m’ont aidé à avoir. Déjà, l’aide médicale. Ils sont entrés en contact avec le SIAO, qui m’a hébergé à Etampes, dans le 91. Ça va bientôt faire deux ans que j’y suis. C’est une chambre à moi, j’y suis tout seul. C’est un petit studio, c’est pas trop grand, c’est pour une seule personne ; j’y suis bien, c’est un peu loin, mais c’est pas grave. Je mets une heure et demie pour venir à Paris, mais on fait avec.

Je peux recevoir des amis dans la journée, des visiteurs, mais pas pour dormir.

Ca va faire 2 ans que je prends des cours de français

C’est 3 jours dans la semaine. Je fais aussi des cours de maths. Avant, je ne savais pas lire ni écrire. Je parlais déjà français, parce qu’en Côte d’Ivoire, on parle français, mais c’était difficile pour lire. Aujourd’hui, je lis sans problème.

Ca, c’est grâce à Itinérances. Quand je suis venu, j’ai expliqué mon histoire à Louise. Elle m’a expliqué qu’il fallait que je patiente un peu : « On va trouver des associations qui puissent te faire des cours ».

J’ai voulu quitter la Côte d’Ivoire parce que c’était compliqué avec mes parents. Pour le moment je ne suis pas en contact avec eux. J’ai une petite sœur et un grand frère, mais je n’ai pas de nouvelles d’eux. Ils sont partis de la Côte d’Ivoire, mais je ne sais pas où ils sont.

A Itinérances, ils m’ont amené aux Ateliers de la Garenne. Je travaille un peu là-bas, pour former des cartons, pour le Crédit Agricole, des fois pour Chanel… J’y vais chaque jour, sauf le vendredi. Ça fait un petit salaire.

 

Mon métier à moi, c’est la mécanique.

Quand j’étais en Côte d’Ivoire, c’est ce que je faisais. Mais ici, il faut des diplômes. Tandis que nous, là-bas, on n’a pas grandi avec des diplômes ! Si on veut faire de la mécanique, on peut le faire.

Alors, en France, peut-être que je pourrai intégrer la Légion : là-bas, on fait de la mécanique. Je dois faire des exercices de logique pour être recruté, il y en a plein. Quelqu’un m’aide, il m’entraîne, Olivier, un ancien de l’armée. C’est Claire, une infirmière qui s’est occupée de moi à l’hôpital psychiatrique, qui m’a mis en contact avec Olivier.

Quand j’aurai compris les exercices, je pourrai me rendre à la Légion pour le recrutement. J’y suis allé une fois, mais j’ai échoué. Il faut que je me concentre dessus. Je croise les doigts : il faut que je m’entraîne, que je fasse plein d’exercices.

Quand je suis arrivé j’ai fait une demande d’asile, mais je ne l’ai pas eu. J’ai fait une deuxième demande, mais j’ai échoué. Si je suis reçu à la Légion, je dois faire 5 ans, et après j’aurai mes papiers.

 

Je vais aussi à la Radio Mobile Paris

C’est une radio pour communiquer. C’est Claire, l’infirmière, qui m’a amené là-bas. C’est un endroit où les gens qui se sentent angoissés, qui se sentent tout seuls peuvent parler entre eux, échanger… C’est dans un restaurant, à Oberkampf.

Des fois il y a des festivals, on participe tous. Il y a plein de gens qui viennent, des Afghans, des Pakistanais, plein de gens de pays africains : Côte d’Ivoire, Mali, Guinée, …

Moi je n’ai pas de copain. On se voit là-bas et chacun reprend sa route, c’est tout. La vie c’est comme ça, des fois, il faut essayer de marcher tout seul.

Avec Itinérances, des fois on a des ateliers de cuisine africaine, des fois on a des sorties. Si je suis libre, j’y vais.

Avec le temps, avec le courage, ça va aller

Après mes 5 ans à la Légion, je veux travailler, je ne veux pas rester sans rien faire. Même là, je suis là comme ça, ça me gêne. Je veux rester dans un endroit où je peux m’en sortir, fonder une famille, chercher une femme bonne qui va m’aimer, faire ma vie.

Quand j’étais dehors, c’était pas facile. Tout le parcours que j’ai fait a été très très difficile ; avec le temps, avec le courage, ça ira. On dit « Petit à petit l’oiseau fait son nid ». Je reste positif.

On me dit de patienter, mais ça fait déjà longtemps que je patiente. Pour intégrer l’armée, ça va dépendre de moi aussi, ça va dépendre de mon courage, et aussi des exercices qu’on me donne.

Je ne me sens pas découragé. Ce que j’ai traversé, c’était plus dur que ça ! J’ai traversé le désert, la mer Méditerranée, avant de venir ici ! J’étais entre la vie et la mort.

Ça va aller, avec le temps, avec le courage, ça va aller.