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La témoignage de Noé

Témoignage de Noé, le rêve de construire sa nouvelle vie à Paris

Ce témoignage, retranscrit dans son authenticité, a été recueilli en mai 2024.

 

Avant d’être hébergé au centre, j’étais à la rue. Je viens de Normandie. J’avais mon appartement, je préparais un brevet professionnel en boucherie. C’est l’équivalent de Bac + 2 ; c’est de la gestion-comptabilité, pour gérer une entreprise.

 

J’ai toujours voulu aller sur Paris

Je me suis dit « Si je n’y vais pas maintenant, je n’irai jamais ». Donc j’ai démissionné, j’ai rendu les clés de mon appartement et je suis venu.

A Paris, j’ai un pied-à-terre chez mon père. Je n’ai pas vécu avec lui. A Paris, il a sa famille, il a sa vie. Quand je suis arrivé chez lui, il a bien voulu m’accueillir, mais moi je me sentais un peu comme un profiteur. 


Donc j’alternais entre mon père et ma tante. Et entre eux deux, je passais beaucoup de temps à la rue. Je n’étais pas vraiment SDF parce que je ne passais pas mes journées à mendier, j’étais plus à la recherche d’un travail.


Je postulais dans la boucherie, l’épicerie, la restauration, le service, des hôtels, sur les marchés, mais c’était vraiment compliqué.

Je me suis inscrit en agence d’intérim, et du coup j’ai trouvé du boulot. Sauf qu’avec 3 missions par semaine, l’après-midi, à chaque fois super loin, c’est très difficile de vivre. Les conditions sont compliquées et on ne gagne pas beaucoup d’argent. Assez pour manger, mais si on veut se projeter, on ne peut pas. 


Du coup je me suis inscrit à la Mission locale, pour faire la Garantie Jeunes. La condition c’est d’avoir une activité. Donc je faisais mes jours d’intérim, je leur ramenais les feuilles de présence, comme ça j’avais droit à la Garantie Jeunes.

Pour ça, on a des questionnaires, et des trucs à faire : des projets, des activités. Ils voyaient que je venais à chaque fois avec mon sac à dos, ma valise… Je passais quelques jours chez mon père, mais j’évitais au maximum d’être chez lui. Je me sentais mieux dehors. Le midi, quand les gens s’en allaient, moi je restais, parce que je ne mangeais pas. Ils m’ont proposé des coupons pour que j’aille manger dans un self, pour les gens qui n’ont pas de quoi se payer à manger. J’y allais à peu près tous les jours.

Et pour le soir, il y a des distributions de repas un peu partout dans Paris.

 

Le centre d’hébergement

La Mission locale m’a donné le numéro de l’ANRS*, à Charonne. J’allais voir les gens pour discuter un peu de ma situation, pourquoi j’étais à la rue et comment eux pouvaient m’aider. J’y allais deux fois par semaine, ils me donnaient des tickets resto. 


Un jour ils m’appellent et me disent qu’ils ont une place d’hébergement. Ils m’ont dit où c’était, comment c’était et si ça me convenait. J’ai dit oui direct, j’ai sauté sur l’occasion. C’était au centre d’hébergement Albert 1er. 


J’y suis allé, j’ai fait la connaissance de l’équipe, j’ai posé mes affaires. J’avais une chambre pour moi, avec les toilettes, un évier, un frigo, des plaques de cuisson.

Ici, je trouve ça super bien. On a une super cour, des murs en pierre, je trouve ça super joli, on est à proximité du RER, du métro, …

Ici il y a aussi des réfugiés politiques, des réfugiés climatiques, des gens qui viennent en France sans rien, qui ne voient pas trop la lumière du jour.

 

J’ai arrêté l’intérim

Je travaille dans une usine. Sa fonction principale, c’est le recyclage de lunettes. On trie les lunettes en plastique, en métal, on vérifie si elles sont en bon état. Celles qui sont en état presque neuf sont redistribuées à des personnes dans le besoin.

Et demain j’ai un entretien pour un travail à plein temps de reconditionnement de pc portables, dans une usine à Paris, Porte d’Aubervilliers. L’électronique, ça m’intéresse beaucoup.


J’y suis allé une après-midi, pour voir, et c’est super intéressant. Ce sont des ordinateurs qui ont déjà eu une vie, à remettre à neuf. Je suis entré dans une pièce que je vais appeler la bibliothèque, sauf que à la place des livres, il y a des PC portables de toutes les marques rangés les uns à côté des autres, c’est énorme !


Je suis trop impatient de savoir si ça va marcher. J’ai quelques appréhensions, j’espère être pris ! Ensuite je pourrai prendre un appartement et avoir une vie personnelle. Je garderai des contacts avec des personnes ici.

 

*Association nationale de réinsertion sociale