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Témoignage de Mélodie, ancienne salariée en insertion à l’ACI Yankadi

En fin de 3ème, j’ai fait un CAP cuisine. J’ai dit à ma mère « Je vais tout donner, je veux réussir, je ne veux pas ressembler à mon père ». Mon père est un chômeur de longue durée, il habite avec son frère, il est dans l’obésité.

Quand j’ai eu mon CAP, ma mère a pleuré et m’a dit “Je suis fière de toi”. Moi aussi j’étais fière de moi. J’ai réussi à faire quelque chose que mon père n’a pas eu : j’ai eu un diplôme.

Après, j’ai fait de l’intérim dans la restauration collective. A une nouvelle mission, le chef me dit : « Vous allez porter ça ? Avec votre poids, vous pouvez vous baisser ?! ».
J’ai fondu en larmes et j’ai arrêté l’intérim. C’était de la discrimination : je me suis battue pour avoir mon diplôme, je travaillais depuis 5 ans, j’avais de l’expérience, quand même !

En 2018, je pesais 140 kilos, j’ai fait une sleeve. Mon père faisait 194 kilos, et je me disais « Je ne peux pas me voir comme lui, il faut que je fasse quelque chose ! ».
 

A Pôle Emploi, on m’a parlé de l’association Aurore : « Pourquoi ne pas retourner dans la cuisine ? ». Mais j’étais dégoûtée de ce milieu : « Et s’ils me jugent par rapport à mon poids ?”. On m’a répondu « Au contraire, ils aident les personnes qui n’ont plus confiance en elles à se revaloriser ».

Je suis entrée à Yankadi. Les premiers mois, j’avais peur, je disais « Pardon, excusez-moi » tout le temps, alors que je connaissais mon métier. Mes collègues me disaient « Arrête de t’excuser… Ca arrive de faire des erreurs ! ».


Je pleurais à chaque remarque des chefs, ils m’expliquaient juste, mais pour moi c’est que mon travail était mal fait.


Après 6 mois, ça a été mieux. Je me suis dit « Allez vas-y, montre-leur ce que tu sais faire ! ». 
 

J’ai appris la chaîne du froid, les relevés de températures. C’est ce que j’ai préféré. Je suis devenue forte !


J'avais une bonne équipe, de bons chefs. On s’entraidait beaucoup. C’est ce que j’ai aimé, la cohésion d’équipe.

J’ai fait une formation HACCP*, une autre Gestes et postures.


J’aime aussi le contact avec les clients ; ils sont contents de nous voir. Le refroidissement des plats est important, pour éviter les intoxications. On est responsables de ça, c’est valorisant.

Il n’y a pas grand-chose qui ne m’a pas plu ! On m’a acceptée comme j’étais, personne ne m’a jugée sur mon physique, et ça pour moi c’était le plus important. 
Tous ceux que j’ai rencontrés ici m’ont apporté quelque chose.

J’ai passé ici les 2 meilleures années de ma vie ! J’ai appris beaucoup – sur moi, déjà : que j’étais capable. D’arrêter de demander pardon. De me revaloriser. D’avoir confiance en moi.

J’ai quitté Yankadi en juillet 2023 parce qu’avec mon chéri on veut partir dans le Sud. En attendant je fais de la sécurité école : je fais traverser les enfants. C’est mal payé mais ça permet de parler avec des gens et de voir les bouilles des enfants, avec leur innocence.

A Yankadi, on se parlait beaucoup, ils connaissent tout de ma vie. Ils m’ont beaucoup aidée. J’y ai trouvé une famille de cœur, qui m’écoute, me donne des conseils, à qui je me suis confiée. Ils m’ont tellement donné que je ne peux pas oublier Yankadi.