Aurore a 150 ans - épisode 4

2015, début des arrivées massives de migrants

Face à la situation d’urgence (mise en place de campements indignes, faim, maladies, détresses…) l’association augmente très rapidement ses activités dans l’urgence et l’hébergement, conduisant à un doublement de taille.

L’accueil et l’accompagnement de demandeurs d’asile requièrent de nouveaux types d’hébergement que ceux qu’elle gère déjà. L’association ouvre des CHU-M (Centres d’hébergement d’urgence pour migrants) pour accueillir les personnes évacuées des campements (qui deviendront ensuite des CPH et des HUDA). Elle accueille aussi, dans des services spécialisés, de nombreux mineurs non accompagnés (MNA). Ces derniers apprennent le français, vont au lycée, peuvent suivre des formations professionnalisantes.

Les équipes recrutent des traducteurs, des bénévoles pour les cours de FLE, montent des partenariats avec des avocats et juristes bénévoles.

Elle ouvre aussi Rapine, un accueil de jour et d’orientation pour hommes seuls, migrants et demandeurs d’asile, d’abord dans le 14^e puis dans le 13^e.

Aurore crée le Championnat de l’intégration et de la solidarité, un tournoi de football qui, jusqu’à la crise de la covid-19, favorisera saison après saison, la mixité entre des migrants hébergés dans ses structures et des franciliens.

 Le Championnat de l’intégration et de la solidarité.

Dans un grand nombre de départements, l’association se mobilise aussi autour du Programme Familles Réfugiées Réinstallées, qui s’inspire du dispositif « Un toit, un emploi » et vise une insertion sociale et professionnelle renforcée de familles dans des régions françaises.

 Une famille réfugiée en cours d’installation à Aurillac

Armando Magallanes, alors directeur du pôle Hébergement, initie et coordonne un cycle de conférences « Comprendre pour mieux agir », dédiées aux mouvements migratoires. Animées par le sociologue Smaïn Laacher, la présidente de la Cimade Geneviève Jacques, l’historien Benjamin Stora et le Défenseur des droits Jacques Toubon, elles ont donné lieu à la parution en 2016 du livre Mouvements migratoires, une histoire française, aux Éditions l’Âge d’Homme.

 « Mouvement migratoires, une histoire française », livre coordonné par Armando Magallanes

En 2018, Aurore s’engage dans le dispositif PIC Réfugiés, parcours de formation linguistique à visée professionnelle pour les réfugiés en Ile-de-France - et qui deviendra ensuite « Tous mobilisés, tous employables ».

 Un cours du dispositif Pic Réfugiés

En 2019, à la demande de la préfecture d’Ile-de-France, Aurore créée dans le 12^e arrondissement de Paris un dispositif d’insertion renforcée pour réfugiés statutaires, le CAIR et un centre d’accueil pour familles demandeuses d’asile, le CAMA.

 Entretien au Centre d’accueil et d’insertion des réfugiés.

En 2020, en raison de la fermeture des Grands Voisins, l’accueil de jour Rapine, qui y était situé, a déménagé quai d’Austerlitz, dans le 13^e arrondissement de Paris. Renommé Quai 24, il accueille, en journée, les migrants sans hébergement, pour les accompagner dans leurs formalités administratives et leurs recherches d’hébergement.

Les réfugiés statutaires sont quant à eux accompagnés dans leurs démarches d’accès à l’emploi, d’insertion sociale et de recherche de logement.

 L'accueil du Quai 24

2020, Covid-19 et confinements

Fin 2019, la Covid-19 commence à se diffuser en France. Le 16 mars 2020 marque le 1^er confinement, auquel tous les services d’Aurore doivent s’adapter.

Une semaine plus tard, Aurore a transformé un CHU La Rochefoucauld, dans le 14^e arrondissement de Paris, en centre covid+, pour accueillir et mettre à l’isolement des personnes malades de la covid hébergées dans des centres ou à la rue. Une équipe médico-sociale s’occupe du suivi de leur état de santé et de leur situation sociale, notamment au regard de l’hébergement.

D’autres centres covid suivent rapidement, en Ile-de-France, dans l’Yonne et les Deux-Sèvres.

 Centre covid+ près de la Place de la Nation, à Paris

L’ensemble des services se réorganise, avec la préoccupation principale qu’aucune rupture dans l’accompagnement social, la formation, l’insertion, le soin… ne puisse exister et que les contaminations soient réduites au maximum.

Le Chantier d’insertion Prélude apprend les process de désinfection et forme les salariés dans les services. L’équipe des services techniques distribue gels hydro-alcooliques, masques et autres matériels de protection.

 Préparation d’une commande de produits de désinfection

Rapidement aussi, de nombreux dispositifs d’urgence seront montés par les équipes de terrain :

• Production et distribution de 5 500 paniers repas par jour
• Création d’une équipe médicale pour accompagner les salariés au mieux dans leur protection et celle des personnes accompagnées face au virus
• Déploiement d’une équipe psy pour aider les personnes en difficulté dans la situation du confinement
• Ouverture d’appartements pour mettre à l’abri des femmes victimes de violences et leurs enfants…

 Distribution alimentaire au Carreau du Temple, dans le 3^e arrondissement de Paris

Le soutien précieux de partenaires permettra d’équiper les services en tablettes, ordinateurs, télévisions… pour permettre la poursuite de la scolarité, des formations, des démarches, de l’accompagnement, et apporter du lien social et des loisirs aux personnes confinées.

 L’école au CHU Lumières du Nord

Les bénévoles et les équipes se montreront particulièrement attentifs à la scolarité des enfants et au bien-être psychologique des personnes hébergées.

150 ans d’actions dans l’urgence, d’attention portée aux personnes et à leur rétablissement physique, social, sanitaire ; 150 ans d’accompagnement vers l’insertion, vers le maintien de chacun au centre de son projet de vie et de la société ; 150 ans au service des personnes les plus fragiles… : c’est en s’inspirant de cet héritage que les salariés d’Aurore, adaptant encore et toujours leurs prises en charge aux réalités rencontrées, ont encore une fois su se mobiliser dans l’urgence, inventer de nouveaux modes de fonctionnement, amortir au mieux les effets secondaires de la crise sanitaire et sociale inédite traversée depuis plus d’un an.