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Le public sous main de justice

A sa création en 1871, l’association Aurore qui se dénommait « Société générale pour le patronage des libérés » avait pour mission la réinsertion des hommes sortant de prison. Le CHRS Etoile du Matin créé en 1890 poursuit toujours cet objectif aujourd’hui. Karine Gaudillère, cheffe de service, et Amandine Puissant, éducatrice spécialisée nous détaillent ce qui est mis en œuvre au sein du CHRS Etoile du Matin.

Etoile du Matin, un dispositif historique

Le CHRS Etoile du Matin est la première structure d’Aurore, ouverte au 33 rue des Cévennes dans le 15ème arrondissement en 1890. Il accueille exclusivement des hommes sortant de détention, sans hébergement ayant un projet de réinsertion ; ce public est orienté par le SIAO. Par ailleurs, dans le cadre de ses missions, l’établissement est conventionné par le Ministère de la justice pour accueillir des hommes sous main de justice dans le cadre des placements extérieurs (PE).

Le service est ouvert 24h/24 et 365 jours par an et compte 64 places : 56 en hébergement collectif et 8 en appartement dans le diffus.

L’équipe éducative est composée d’une cheffe de service, de 7 éducateurs spécialisés, d’une assistante sociale, d’une secrétaire et d’une équipe de 4 veilleurs de nuit. Chaque travailleur social accompagne entre 10 à 15 personnes.

L’accompagnement socio-éducatif est global, centré sur une remise à niveau des démarches administratives avec un travail important sur l’origine de la détention, sur ses conséquences afin d’éviter au maximum les risques de récidive.

« Nous ne sommes pas dans de l’hébergement d’urgence, le but est d’amener la personne vers le travail » nous indique Karine.

Pour réaliser ces missions, l’équipe s’appuie sur un réseau partenarial important orienté sur l’accès aux soins, le retour à l’emploi en favorisant notamment une collaboration avec des chantiers d’insertion et/ou entreprises adaptées ainsi que des associations œuvrant dans la réinsertion d’anciens détenus (FAIRE, WAKE-UP CAFE, SPILE).

Les liens avec la justice (Service d’Insertion et de Probation ) sont permanents aussi bien dans le cadre de la mise en œuvre opérationnelle des placements extérieurs que dans le suivi quotidien des mesures de justice des personnes hébergées.

 

 

Un suivi qui débute parfois en détention

Des permanences mensuelles sont organisées avec les maisons d’arrêt de Fresnes, de Fleury-Mérogis et de Paris la Santé. Lors de ces permanences en détention, les professionnels du CHRS vont à la rencontre de personnes signalées par le SPIP.

A l’issue d’un entretien d’environ 40 minutes où le travailleur social vérifie que le projet de la personne correspond à ce qui peut être proposé par le CHRS Etoile du Matin, il est proposé à la personne en détention, dans le cadre d’une permission de sortie, d’avoir un entretien avec d’autres membres de l’équipe et de visiter la structure.

Les conditions d’admission au sein du CHRS Etoile du Matin sont celles prévues par la loi, avec un accueil inconditionnel avec toutefois comme singularité d’accueillir exclusivement des hommes seuls ayant un parcours judiciaire (avec ou sans incarcération). Néanmoins, selon les situations, l’établissement se réserve le droit de refuser une candidature (profil inadapté à la vie en collectivité, pathologies non traitées) en motivant les raisons de la non prise en charge.

Selon Amandine qui intervient au sein des différentes maison d’arrêt, «  le profil des personnes que je rencontre se caractérise soit par un long parcours judiciaire et/ou de précarité et une volonté d’en sortir, soit ce sont des jeunes majeurs avec un profil ASE ( Aide Sociale à l’Enfance ), ayant eu un parcours dans des centres éducatifs renforcés ou fermés ».

Elle constate qu’aller dans les centres de détention permet de mieux se rendre compte du milieu carcéral, de la notion d’enfermement, de créer un premier lien et d’appréhender au mieux les souhaits des détenus hors les murs.

« C’est un accompagnement qui est mieux préparé en amont et qui aboutit à plus de sorties positives ».

 

Le public sous-main de justice, une connotation souvent péjorative

Les personnes présentes au CHRS ont commis toute sorte de délit ou de crime. C’est un public qui est souvent jugé comme difficile et peu de personnes souhaitent travailler avec.

« Ce n’est pas forcément un public vers lequel les travailleurs sociaux pensent à aller, compte tenu du passif des personnes. Cependant, une fois les idées reçues balayées, c’est un public captivant, plein de ressources, ayant pour la plupart une enfance difficile, chaotique marquée par un manque d’amour. Pour autant nous n’oublions jamais que leurs réactions peuvent parfois être imprévisibles. »

La prison a souvent fait perdre les repères de la vie en société. Un réel travail de mise en place de règles, d’un cadre est mené par l’équipe. Le cadre fixé est donc souvent contraignant et contenant et passe notamment par le respect des règles (horaires, comportement adapté), le règlement d’une participation financière et l’adhésion à l’accompagnement social proposé par l’équipe. « Il faut que la personne comprenne les règles et à chaque fois qu’il y a une entorse au règlement, il y a des sanctions. Il y le cadre d’Etoile du matin, le cadre d’Aurore mais également le cadre de la loi. Et ça montre qu’il ne faut pas dépasser les bornes. » affirme Karine.

Dans le cadre du placement extérieur, le juge d’application des peines fixe des obligations telles que le respect d’un cadre horaire, l’accès à une formation ou un emploi, le règlement des parties civiles, une obligation de soins (psychologiques ou addictologies). En cas de non-respect du jugement, l’équipe éducative a dans l’obligation d’en référer à l’administration pénitentiaire ; avec comme risque la réincarcération immédiate.

« L’équipe est très soudée et complémentaire. Il y a un vrai soutien au sein de l’équipe. » nous confie Amandine.

Pour l’extérieur, toutes les connotations en lien avec la prison sont atténuées. « On essaie de faire disparaitre les traces de la prison. Par exemple, l’adresse sur le CV est 33 rue des Cévennes mais on ne précise pas « CHRS Etoile du Matin ». Et quand on répond au téléphone, on est soit la compagne, soit un ami de passage… »

 

Les autres dispositifs d’Aurore liés au public sous-main de justice

Le CHRS Soleillet mène le même travail d’hébergement et d’accompagnement socio-éducatif qu’Etoile du Matin mais il accueille uniquement un public féminin. Les aménagements de peine pris en charge par le CHRS Soleillet sont le placement extérieur (comme au CHRS Etoile du matin) mais aussi la mise sous bracelet électronique et la libération conditionnelle.

D’autres services, notamment sur le traitement des addictions, accueille le public sous-main de justice afin de les accompagner dans leurs soins. Aurore accueille également, dans certains de ses services, des personnes effectuant des travaux d’intérêts généraux

Toutes les structures en lien avec la justice sont répertoriées dans l’Annuaire des services justice réalisé en 2019.