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Entretien avec Angélique Lopez, chargée de projets culturels RMN – Grand Palais

Construire des projets qui font sens

Depuis janvier 2019, Angélique Lopez travaille avec des équipes du siège et des services d’Aurore pour développer des projets culturels, dans le cadre du partenariat avec la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN-GP).

Peux-tu te présenter et présenter la RMN ?

Je suis Angélique Lopez, chargée de projets culturels à la RMN-GP. Je travaille dans la cellule médiation-éducation, qui coordonne des actions de médiation à destination de tous les profils de publics (jeunes, scolaires, familles, en situation de handicap…), dans les murs du Grand Palais et hors les murs du Grand Palais.

Mon rôle est d’assurer l’interface entre les publics et les partenaires. J’accompagne les projets de la recherche de financements jusqu’aux bilans : construction des actions, coordination sur le terrain, restitution…

La Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais est un établissement public culturel, qui gère le Grand Palais des Champs-Elysées, et produit des expositions dans ses galeries nationales. Une des missions de la RMN-GP est l’accès de tous à la culture, un de ses axes stratégiques est l’éducation artistique et culturelle, pour lequel œuvre notamment la Direction des publics et du numérique à laquelle j’appartiens.

La RMN-GP est surtout un opérateur culturel présent dans les musées nationaux en France. Elle les accompagne dans la gestion des librairies-boutiques, des billetteries et des visites-conférences grâce au savoir-faire des conférenciers, historiens de l’art.
Enfin, la RMN-GP assure des missions plus méconnues de diffusion des œuvres d’art : elle est la 2e plus grande agence photographique d’Europe ; c’est aussi une maison d’édition d’art ; enfin il existe une partie liée aux métiers d’arts, avec les ateliers de moulages et de chalcographie.

 

Depuis quand travailles-tu avec Aurore et en quoi consiste cette collaboration ?  

À titre personnel, je travaille avec Aurore depuis 2019 mais la collaboration a débuté il y a plusieurs années. La prise de contact d’origine de la Direction des publics et du numérique était motivée par la volonté de travailler avec des associations du champ social. L’équipe s’est tournée entre autres vers Aurore car c’est un acteur majeur dans ce domaine sur Paris et l’Île-de-France.

Les actions avec Aurore sont encadrées par une convention de partenariat. Pour parler des propositions les plus récentes : nous avons accueilli des groupes dans des expositions au Grand Palais (ex. l’exposition La Lune en 2019 ou l’exposition Pompéi en 2020). Nous avons également organisé la distribution de mallettes pédagogiques dans des services Aurore. Enfin nous avons développé les projets Histoires d’Art Solidarité.

Chose intéressante à noter dans notre partenariat avec Aurore, c’est l’existence d’une mission culture au siège de l’association, qui nous permet d’avoir un interlocuteur privilégié et qui facilite l’orientation des projets que l’on propose vers des services. Par exemple, en 2020, nous avons pu mener des ateliers avec des Espaces de Dynamique d’Insertion dans le 77 grâce à l’appui de la mission transversale. De l’extérieur il est difficile de tout connaître vu la grande diversité de publics accueillis à Aurore.

 

Peux-tu nous en dire plus sur les projets Histoires d’Art Solidarité ?

La première édition du projet a eu lieu en 2019 et la deuxième en 2020. Le projet est proposé à deux partenaires associatifs, l’un d’entre eux étant Aurore. L’intention de ce projet est de s’adresser à des personnes en situation de précarité, notamment des personnes en Centres d’Hébergement d’Urgence, mais aussi des personnes pour qui l’apprentissage de la langue française est un enjeu d’intégration.

Le projet, qui se déroule sur une durée assez longue, se décline en plusieurs séances d’ateliers avec des artistes et visites de lieux culturels, dans l’idée de faire découvrir et pratiquer la langue française par le biais de la culture et de l’art.

Par ailleurs, un des marqueurs très forts de l’identité de la RMN-GP est l’histoire de l’art. Un des fondamentaux du projet est donc de créer les conditions d’une découverte permettant de rendre l’histoire de l’art accessible. Cela passe notamment par des visites avec l’accompagnement de conférenciers, et par une pratique créative mise en contexte. En effet, en pratiquant soi-même une activité (peinture, dessin, collage), puis en regardant ensuite des exemples d’œuvres qui résultent de ces mêmes techniques, on peut se rendre compte que l’histoire de l’art est quelque chose de plus proche de nous qu’il n’y paraît.

 

Qu’est-ce que cela apporte selon toi de faire travailler ensemble un établissement culturel et une association du secteur de la lutte contre l’exclusion ?

Je pense que c’est un enrichissement mutuel : on se rend compte que nos intentions respectives se croisent, et que mutuellement elles nous donnent d’autres dynamiques.

J’en retiens aussi la grande diversité des profils de personnes rencontrées, tant dans les salariés de l’association que parmi les personnes accueillies ayant participé aux différentes actions. Ce fut personnellement très touchant de rencontrer notamment les femmes participant aux projets Histoires d’Art Solidarité, c’est quelque chose qui apporte une véritable ouverture à l’autre.

Par ailleurs, le fait de voir l’engagement des équipes d’Aurore dans leurs missions, et celui des personnes qui participent aux projets, cela me motive à continuer de proposer ces actions. On voit que cela a un vrai intérêt pour eux. On sent que ça fait sens.

Plus largement, pour la RMN-GP c’est une manière de répondre à notre mission de service public d’accès la culture. En effet, il n’est pas question que pour des raisons de langues, des raisons économiques ou géographiques, on ne puisse pas tous passer les murs du Grand Palais, pour découvrir ses expositions et partager des choses avec des artistes.

 

As-tu un ou plusieurs souvenirs marquants de ce partenariat ?

Évidemment, sur les projets Histoires d’Art Solidarité, qui sont des projets longs, il y a un engagement sur plusieurs mois et de nombreuses séances, donc des liens qui se nouent.

Un des souvenirs que je retiens est la restitution du premier projet, à l’été 2019, où les participantes (jeunes femmes et jeunes mamans résidentes du CHU Lumières du Nord) étaient venues voir leurs créations exposées dans le Grand Palais. Toutes étaient apprêtées, et très fières de franchir les portes de ce grand monument. Les enfants étaient aussi présents, cela a été un très beau moment festif et joyeux !

Le deuxième souvenir que je retiendrai, pour l’édition 2020, sera les échanges que nous avons eus avec les participantes du CHU Baudry via les conversations sur l’application WhatsApp. Le contexte sanitaire a empêché de se retrouver physiquement pour terminer le projet, donc nous avons fait le choix de ce mode d’échange pour adapter les activités à distance.
Ça a été une vraie surprise pour moi – une surprise très agréable – de voir que les participantes, qui étaient très fidèles en présentiel, ont également été très investies sur cette messagerie à distance et ont partagé beaucoup de photos, de messages, etc.​