Au sein de l’association Aurore ce n’est un secret pour personne tant le soutien était au RDV. Cinq résidents du CHRS Château d’Arcy et son adjointe de direction, Julie Stépho, ont réalisé l’ascension du Mont Blanc, début septembre.
La naissance d’un pari fou
Ce projet est né d’un séjour à la Montagne post Covid, lorsqu’une personne a suggéré en plaisantant “Et si on grimpait l’Himalaya ?”. Il faut dire qu’au Château d’Arcy, les exploits sportifs sont monnaies courantes. En 2018 déjà, une partie de l’équipe et des résidents du Château ont participé au 20 km de Paris. Aujourd’hui ce sont Azat, Baissangour, Abdoulaye, Sékou, Michael et Julie, tous issus de régions du monde différentes qui ont fait l’ascension du Mont Blanc, financée par le mécénat de l’association, accompagnés par le tour-opérateur Montagne Expédition et grâce au matériel de randonnée prêté par l’association En Passant par La Montagne.
Les 6 aventuriers se sont entrainés quotidiennement depuis avril : course, natation, renforcement musculaire, cardio. Pour s’habituer aux conditions montagneuses comme de vrais alpinistes, ils ont emprunté le parcours des 25 bosses de Fontainebleau, à plusieurs reprises, et fait des montées de 27 étages... fois 10 ! Un guide de montagne a validé tous leurs entrainements et plusieurs tests physiques ont été réalisés, notamment celui de l’hypoxie évaluant le niveau de tolérance à l'altitude lors d'un effort physique.
Les 6 jours d’expédition
Trois jours ont été consacrés à l'acclimatation, à l'altitude et à l'acquisition des techniques de randonnée glaciaire (marche avec crampons, utilisation du piolet, encordement) et trois jours ont été dédiés à l’ascension du Mont Blanc, permettant une montée progressive.
Il fallait se lever tôt pour commencer la marche, réveil à 4h, départ à 5h. Sinon la neige ramollit à cause de la chaleur et fait des crevasses où l’on peut tomber. C’est particulièrement dangereux lors de la traversée du couloir du Goûter, aussi appelé couloir de la mort. Ce couloir est délicat en pleine saison estivale, car il est balayé par de fréquentes chutes de pierres. Les recommandations du guide sont sans appel “Tu ne lèves jamais la tête, peu importe ce que tu entends comme bruit”. Un moment stressant pour les randonneurs qui ont dû le franchir en courant, alors qu’il y a très peu de largeur ; une traversée rapide, pour limiter les risques.
“Ce qui nous a tenu c’est d’y arriver ensemble. Partir à six, arriver à six.” Julie Stépho
A part ce moment fatidique, peu de grosses difficultés sont évoquées : de la fatigue, des ampoules et quelques gênes respiratoires ; presque inéluctables en haute altitude, mais c’est tout. Il faut dire que la préparation physique et mentale a payé ses fruits puisque du couloir du Goûter jusqu’au Mont Blanc, le groupe a mis deux, trois heures quand la plupart des groupes mettent entre quatre et huit heures.
“A la fin on dirait que ça ne va jamais s’arrêter. Ce n’est pas long mais ça paraissait long. Ce n’est que de la montée verticale. Mais avec la volonté, le mental, on peut y arriver. Avec tout ce qu’on a vécu dans la rue, comme mauvaise expérience, si on le fait on peut aller vers d’autres choses.” Michael
Puis il y a l’arrivée au sommet où tout va très vite. La fierté collective est immense, la joie, l’exaltation, l’insouciance, la fatigue aussi, les nerfs qui lâchent, toutes les émotions sont au rendez-vous. De l’aveu de tous, c’est le meilleur souvenir de l’épopée.
Ils ont réussi ensemble et ils se sont appelés la “team ferraille”, parce que comme le fer, soudés.
Et après ?
Quelques jours après leur aventure, Julie Stépho raconte à quel point la nostalgie est encore présente “les gars regardent tout le temps les photos”. Ils repensent aux moments de rire, à la chanson improvisée sur les ronflements d’un coéquipier, mais surtout ils savourent le bonheur et la confiance en soi éprouvée par cette aventure réussie.
Ils se demandent ce qu’ils vont faire après. Un grand circuit à vélo est déjà envisagé...