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Educateur spécialisé et pair-aidant, rencontre avec Michel

Les visages d'Aurore

Michel est éducateur spécialisé à « La Communauté Thérapeutique d’Aubervilliers » qui traite différentes formes d’addiction. Des personnes qui ont un problème de dépendance y séjournent 15 mois et y suivent une thérapie. Michel lui aussi a traversé de longues années difficiles, mais il ne consomme plus depuis Juin 2010, 11 années dont il est fier « Un matin c’était terminé, je me suis dit : Michel ne consomme pas aujourd’hui ! ». Quand il raconte son histoire nous comprenons que la partie n’était pas gagnée d’avance. La rencontre avec Aurore, la Maison de Kate et la Communauté Thérapeutique d’Aubervilliers lui ouvriront en 2010 de nouveaux horizons, dont la possibilité de se réaliser.

L'enfance dans une famille nombreuse, avec un climat difficile

Michel a grandi dans la Somme, en Picardie, dans une bourgade de 12 000 habitants. Il est le troisième d’une fratrie de sept enfants. Dès son plus jeune âge, il aspire à s’échapper et, pour davantage de liberté, part régulièrement chez sa grand-mère « Elle était très affectueuse, j’étais son chouchou ! » Vers 12-13 ans, Michel est sans cesse avec un camarade de classe dont le père tient une épicerie « C’était la bonne excuse, j’allais aider ce copain à remplir les rayons et on piquait des flashs ! ». Et c’était parti ! Michel raconte qu’il fuyait l’ambiance de la maison, mais aussi, une grande timidité.

 

L'errance, la dépendance

Le jeune Michel des années 70 décide de fuir définitivement sa réalité avec l’aide de différents produits, il expérimente le cannabis, l’héroïne et le LSD : il ne parviendra pas à s’arrêter jusqu’en 2010.

Pendant trois décennies, il déconstruit sa vie. Il travaille, fait des rencontres mais sans cesse sabote tous les domaines de sa vie. Ses relations amoureuses, familiales et sociales sont impactées par l’usage des stupéfiants et de l’alcool. Le déni lui évite de voir à quel point sa consommation, et surtout celle de l’alcool, est un problème. Il est alors condamné à 5 années de prison pour trafic de stupéfiants. Lorsqu’il apprend cette condamnation, Michel disparait et ira finalement se rendre au juge d’application des peines 2 ans plus tard. Il ne fera alors que 5 mois de détention : « Comme je me suis rendu, et que j’étais cool, ils m’ont mis une peine aménagée en placement extérieur ».

Côté cœur, Michel vit en couple avec une jeune femme qu’il connaissait et qu’il retrouve après des années de séparation. Ils forment une famille recomposée avec 4 enfants, mais rien ne l’arrête. A cette époque, les drogues sont plutôt derrière lui mais il consomme une quantité massive d’alcool. Il boit dès le matin du whisky, bis repetita sa compagne lui demande de partir « Dès 2005, un addictologue me disait : Michel il faut que tu changes des trucs dans ta vie sinon tu vas tout perdre : ton permis, ton boulot, tes amis ! ».

En 2010, après, plusieurs cures, il arrive à Bucy-le-Long. La Maison de Kate l’accueille. Lorsqu’il voit son visage trembler dans le miroir il s’affole : « A voir ma tête, j’ai pensé que c’était trop tard ! ».

 

Changer des choses dans sa vie

Les choses se remettent doucement en place et en 2011, Michel arrive à la Communauté thérapeutique d’Aubervilliers, qui n’était pas encore le dispositif d’aujourd’hui. Les travailleurs sociaux lui permettent de trouver un appartement et il commence à chercher du travail dans le domaine social « Au début je cherchais un poste de maitre de maison, mais tous me demandaient un diplôme ». Les équipes lui conseillent alors de passer le concours d’éducateur mais son choix s’oriente vers la formation de moniteur-éducateur avec le Centre d'entraînement aux méthodes d'éducation active. « J’attendais le diplôme pour chercher du travail, mais en juin 2015, avant de l’obtenir, la cheffe de service m’a proposé un poste ». Michel se retrouve alors professionnel face à des résidents avec qui il séjournait, en tant que patient, à La Maison de Kate ! « Je me sens de plus en plus à l’aise dans mon travail, je me considère comme éducateur spécialisé et je vois plus clairement la place que prend la pair-aidance. Par exemple, avec la crise sanitaire, les anciens résidents sont sortis mais il n’y a eu que très peu d’entrées. C’est un groupe récent donc je prends ce rôle d’ancien. C’est en ce sens que je me sens pair aidant ».

 

A 61 ans, après avoir passé son diplôme d’éducateur spécialisé en formation continue, Michel peut se vanter d’avoir finalement transformé son histoire en quelque chose de beau et de solide, il est un père et un grand-père heureux très reconnaissant.

A la fin de l’entretien, il conclut, ému, avec l’esquisse d’un sourire et un regard d’enfant : « Je ne sais pas… merci à Aurore de m’avoir accompagné depuis 2010 date à laquelle j’ai rencontré l’association pour la 1ère fois. J’ai toujours été en lien avec eux en fait ! Je suis heureux d’être là aujourd’hui pour transmettre l’esprit de la Communauté Thérapeutique ».