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Comment Aurore accueille et accompagne les femmes victimes de violences ?

L'association Aurore est quotidiennement mobilisée auprès de ces femmes ayant un vécu tragique et traumatique. Les mettre en sécurité, les aider à se reconstruire, à se stabiliser et à aller vers un futur autonome et serein est au cœur des missions Aurore. En cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, zoom sur cet axe du travail social.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France en 2023, on compte 93 homicides au sein du couple319 tentatives de féminicide par le conjoint et plus de 110 000 victimes de violences sexuelles (dont 85% étaient des femmes).*

Sur les 130 000 agresseurs (dont 91% sont des hommes) qui ont fait l'objet d'une procédure ouverte devant un ou une juge d'instruction ou ont été poursuivis directement devant la justice, près de la moitié des affaires ont été classées sans suite.*

Ces chiffres sont uniquement ceux enregistrés par les forces de l’ordre. Ils ne prennent pas en compte toutes les violences qui restent sous silence.

Des parcours de vie ponctués de multiples violences

L’accompagnement des femmes victimes de violences chez Aurore se retrouve dans diverses structures de l’association. En prenant connaissance du parcours de vie de ces femmes, nous recensons une liste de violences qui vont des atteintes psychologiques, sexuelles, physiques mais aussi économiques.

 

Des violences de genre dans leurs pays d’origine

Une part importante des femmes accueillies chez Aurore sont originaires d’ailleurs et ont fui leur pays à la suite de violences de genre, qui prennent la forme de mariages forcés, de violences sexuelles, de mutilations sexuelles et génitales… On estime qu'au début des années 2010, la France comptait environ 125 000 femmes adultes ayant subi des mutilations sexuelles.*  

Aussi, d’après l’enquête sur les violences sexuelles subies par les demandeuses d’asile, publiée dans la revue scientifique The Lancet Regional Health en 2023, 75,7% des femmes interrogées avaient subi des violences sexuelles avant leur arrivée en France.***

Le parcours migratoire entre le pays d’origine et le pays d’arrivé est également source de violences. Des femmes sont forcées à la prostitution, à de l’esclavage sexuel, à des attouchements, abus ou viols opérés par les passeurs ou les gens avec qui elles voyagent. L’arrivée en Europe s’avère aussi violente. Déjà fragilisées durant leur parcours migratoire, plus d'un quart des femmes interrogées ont ainsi confié avoir subi des violences sexuelles, moins de deux ans après leur arrivée sur le sol français.***

 

Des violences ordinaires

Nous pouvons également évoquer les violences ordinaires qui sont, elles, plus difficilement repérables en raison de plusieurs facteurs. Le placement du curseur de la violence n’est pas similaire à toutes. La désinformation, l’interprétation individuelle, le vécu de chacune ou bien les influences culturelles peuvent cacher une légitimation de ces violences.

Accompagner ces femmes dans leur reconstruction est l’axe principal de travail dans les structures Aurore qui les accueillent. Elles ont vécu une multitude de violences tout au cours de leur vie, parfois même dès leur enfance. L’impact psychologique est ainsi considérable. Ecouter et travailler sur ces traumatismes font partie intégrante de l’accompagnement opéré par les équipes sociales et médicales de l’association.

 

Se reconstruire dans un climat de sécurité et de confiance

Chez Aurore, toute personne en situation de précarité ou d’exclusion est accueillie de manière inconditionnelle. En lien avec de nombreux partenaires, à la fois médicaux, juridiques ou bien spécialisés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, Aurore déploie un accompagnement global et pluridisciplinaire.

Infirmières, éducatrices spécialisées, psychologues, sage-femmes, thérapeutes, assistantes sociales, animatrices socioculturelles ou même auxiliaires de puériculture composent les équipes sur place dans les établissements. Tous ces professionnels mettent en place un accompagnement bienveillant dans un objectif de reconstruction de soi et de stabilisation. Comment font-ils ?

 

Libérer la parole et se reconstruire dans un cadre sain

Dès leur accueil, les femmes rencontrent différents professionnels, du corps social et médical.

« Après un parcours d’errance, de souffrances, de déracinement ou de ruptures multiples avec ses proches, il est difficile pour ces femmes de faire confiance, de se sentir en sécurité et de parler de leur vécu. L’équipe sociale et médicale met tout en œuvre pour créer un climat sécurisant et une relation de confiance avec ces femmes. »

atteste Linda MOKRI, cheffe de service au sein du SAS Femmes primipares à Paris, structure accueillant des femmes enceintes, sortantes de maternité ou avec enfant(s) de moins de 3 ans.

 

La présence quotidienne des équipesl’écoute, la sensibilisation… font partie des piliers de l’accompagnement. Les équipes ouvrent de nombreuses portes afin de libérer la parole, d’instaurer un cadre serein et bienveillant et de lever le tabou des violences.

En plus des rendez-vous individuels avec les différents professionnels médicaux et sociaux, des ateliers et groupes de parole sont proposés. Ils prennent place au sein des structures Aurore ou dans des établissements partenaires. On y retrouve des ateliers de bien-être avec des socio esthéticiennes, des ateliers pour travailler sur le lien mère/enfant, des ateliers d’écriture, de sophrologie… Au sein des groupes de parole, plusieurs sujets sont abordés : les violences dans leur généralité, les droits des femmes, les mutilations génitales, la sexualité, la vie affective, le consentement, la place de la femme au sein de notre société, la transculturalité…

Ce programme permet de partager avec des pairs, de trouver du réconfort, de se sentir soutenue, de reprendre confiance en soi... L’objectif est de prendre en compte l’histoire de la personne et de travailler sur ses traumatismes en considérant les repères et les limites de chacune, qui peuvent être différents selon son vécu, son origine et ses influences culturelles.

 

Être accompagnée d’un point de vue social administratif

Travailler sur l’aspect administratif représente le cœur du travail des équipes sociales en général. Ainsi, au sein de la Maison des Femmes de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le dispositif Casa Via, apporte un soutien social indispensable au travail effectué par les professionnels du sanitaire pour permettre de prendre en charge les femmes dans leur globalité.

Pour exemple, certaines femmes accueillies n’ont pas de protection sociale, ce qui implique une dégradation significative de leur santé et une complication dans le suivi des premiers mois du nourrisson pour celles qui ont accouché récemment. 

D’autres sont dans l’attente de leur régularisation et sont accompagnées dans l’ensemble des démarches administratives. L’accompagnement se fait également sur l’ouverture de droits sociaux, l’accès aux droits communs, l’apprentissage de la gestion d’un logement et de son budget, etc.

 

Accompagner sur l’aspect judiciaire

Pour les femmes ayant subies des violences, pousser la porte d’un commissariat pour aller porter plainte s’avère souvent très dur. En effet, certaines sont dans l’attente d’une régularisation de leurs papiers après leur arrivée sur le territoire français et craignent de se faire arrêter. D’autres ont été agressées par un membre de leur famille et n’osent pas les inculper. Moins de 10% des femmes victimes ont sollicité les services de police au moment des violences vécues. ***

Les équipes Aurore travaillent ainsi sur la déconstruction de ces peurs et sur l’importance  d’aller porter plainte. Elles sont mises en contact avec des juristes et des avocats pour préparer les futures confrontations avec l’agresseur. Les équipes sociales peuvent également accompagner les femmes lors des dépôts de plainte ou lors des audiences.

« En tant que travailleurs sociaux, nous faisons appel à différents types de professionnels, allant du psychologue à l’avocat. Travailler en réseau et s’entourer de plusieurs acteurs permet d’avoir l’ensemble des informations et outils nécessaires pour les accompagner au mieux. »

affirme Aminata SAKO, conseillère en économie sociale et familiale au sein d’une résidence sociale Aurore hébergeant des femmes victimes de violences conjugales.

 

Mettre en place une politique associative autour des violences

Aurore met l’accent sur la formation de ses équipes. Elles permettent de savoir repérer les signes et symptômes des violences et d’orienter au mieux les personnes concernées.

 

 

Sources :

*Rapport annuel de la Mission Interministérielle pour la Protection des Femmes, 2023. 

**Rapport « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical » du Haut Conseil à l’Egalite entre les Femmes et les Hommes, 2018.

***Enquête sur les violences sexuelles subies par les demandeuses d'asile "peu après leur arrivée" dans le sud de la France, revue scientifique The Lancet Regional Health, 2023.

Nos établissements mobilisés en cette journée mondiale

A l’occasion de cette journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, plusieurs de nos établissements ont organisé des moments de rencontre et d'échange. Dans une de nos résidences sociales spécialisée dans l'accueil et l'accompagnement de femmes victimes, un après-midi portes ouvertes a été organisé. Les femmes accueillies au sein de la résidence, les collègues Aurore mais aussi Philippe Goujon, Maire du 15ème arrondissement de Paris, et les membres de son équipe, étaient présents.

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