Accueil > Accueil des réfugiés et demandeurs d’asile > Infection par le VIH : diagnostiquer au plus tôt pour éviter le SIDA et prévenir la transmission
Journee_lutte_SIDA

Infection par le VIH : diagnostiquer au plus tôt pour éviter le SIDA et prévenir la transmission

En 2023, près de 5 500 personnes ont découvert leur séropositivité en France (donnée de Santé Publique France), un chiffre en baisse comparé aux années précédentes. L’épidémie du SIDA a reculé du fait de l’avènement de traitements efficaces, mais la transmission perdure sur le territoire français. A quelques jours de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, Aurore tient à rappeler son engagement et son combat.

Active depuis 1871 auprès des publics en situation de précarité ou d’exclusion, l’association Aurore a connu le début de l’épidémie du SIDA et lutte contre depuis des années.

 

Une hausse des contaminations en France

Depuis plusieurs années, différents acteurs experts sur le sujet alertent sur la recrudescence des contaminations en France. D’après Santé Publique Francele nombre de découvertes de séropositivité a augmenté de 12% sur la période post Covid.

« Les études récentes ont démontré une inquiétante reprise épidémique au sein de populations particulièrement exposées au risque. La précarité, la provenance d’Afrique subsaharienne et l’éloignement du soin ont clairement été identifiés comme des facteurs de risque accru à la contamination. » explique Cécile Clarissou, médecin référente chez Aurore.

En 2022, plus de la moitié des nouveaux cas concernait des personnes nées à l'étranger, en particulier originaires d'Afrique subsaharienne. Si environ la moitié de ces personnes avaient été contaminées avant leur arrivée sur le territoire français, près de 50% des transmissions ont eu lieu dans les mois qui ont suivi leur présence en France. La précarité, l’éloignement du soin et une forme d’endogamie communautaire sont les hypothèses avancées par les épidémiologistes.

Les habitants de quartiers populaires sont également très exposés aux risques de contamination. On parle ici notamment de ceux vivant dans des zones peu équipées en matière de prévention du VIH, avec un accès plus difficile aux soins.

Une situation socio-économique précaire, la barrière linguistique, une situation administrative compliquée, les normes de genre ou bien des contextes culturels qui influencent les perceptions de la sexualité peuvent ainsi représenter des obstacles dans les campagnes de prévention et donc favoriser une augmentation des contaminations.

 

S’allier pour faire face à l’épidémie

L’Île-de-France reste la région de la métropole la plus touchée par le nombre de découvertes de séropositivité, en particulier dans les départements de Paris et de la Seine-Saint-Denis. En 2022, en France, 39 % des personnes diagnostiquées positives au VIH  vivent en Île-de-France.

Aurore est très implantée dans cette région avec de nombreuses structures d’accueil et d’accompagnement pour des publics précaires dont une partie est confrontée à l’épidémie. Face à cette situation, l’association a redoublé de vigilance en renfonçant son partenariat avec des acteurs clés du sujet. Aurore a répondu à l’appel de l’Agence Régionale de Santé (ARS) visant à mobiliser les acteurs de santé et des acteurs de la lutte contre l’incidence du virus du VIH au niveau territorial et en Île-de-France, autour de l’objectif d’élimination du SIDA en 2030.

Consciente de la nécessité de maintenir l’effort sur la lutte contre le SIDA, l’association a noué en 2024 un partenariat avec  l’association « Vers Paris Sans Sida » (VPSS), afin de renforcer l’accompagnement de nos publics autour des sujets de santé sexuelle et d’entreprendre des actions ciblées sur les personnes en risque de contamination. Fondée en 2016, cette association s'engage activement dans une stratégie visant la fin de l'épidémie du SIDA d'ici 2030 dans les secteurs de Paris et de la Seine-Saint-Denis. Elle développe des programmes de prévention, des campagnes de sensibilisation et soutient les structures associatives. VPSS cible les populations les plus exposées au VIH : les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), les personnes ayant un parcours migratoire et d’origine subsaharienne, et les travailleur(euse)s du sexe.

Accompagnant ce type de public, Aurore bénéficie, grâce à ce partenariat, de permanences de dépistage au sein des structures accueillant notamment des femmes en grande précarité, des migrants, des usagers de drogues injectrices. Des kits de prévention sont également reçus et distribués aux personnes accueillies et plusieurs actions de prévention et de sensibilisation sont menées auprès des professionnels de l’association. Des échanges réguliers ont lieu avec Vers Paris Sans Sida, ainsi qui ses associations partenaires, ce qui a permis à ce partenariat de se déployer dans les tous premiers mois ayant suivi son lancement, et l’association envisage d’amplifier encore davantage cette action pour 2025.  

Prévenir et diagnostiquer tôt

Interview de Cécile Clarissou, médecin référente chez Aurore.

 

Qu’avez-vous constaté à la suite de ces permanences de dépistage ?

« Les actions de dépistages qui ont eu lieu dans les premiers centres (environ cinq) ont eu un rendement de 5% de personnes positives, que ce soit au VIH, au virus de l’hépatite B, de l’hépatite C ou à la syphilis, qui sont également des pathologies chroniques transmissibles graves mais qui peuvent être traitées si diagnostiquées. C’est pourquoi Aurore souhaite continuer à pouvoir étendre ce travail d’information, de prévention et de dépistage aux personnes précaires et à risques qu’elle accompagne.

Un dépistage précoce permet d'identifier les personnes séropositives qui s’ignorent et donc de limiter la propagation du virus. En 2023, les déclarations de diagnostic de SIDA ont eu lieu majoritairement chez des personnes qui ignoraient leur séropositivité (64%), 16% connaissaient leur séropositivité et n’avaient pas été traitées, 21% avaient reçu un traitement.*

Une personne qui ignore sa séropositivité au VIH transmet le virus contrairement à une personne sous traitement. Pour les personnes malades, se faire dépister permet donc d’être mis directement sous traitement pour ne pas développer la maladie du SIDA, de ne plus transmettre le virus du VIH et d’avoir des enfants séronégatifs. »

 

Quelle est la situation au niveau national ?

« Au niveau national, bien que les contaminations diminuent, elles baissent encore trop lentement. Il reste des progrès à faire en termes de communication, de dépistage, et de prévention, notamment pour les groupes les plus exposés. En Île-de-France, région où réside une grande partie des personnes diagnostiquées en France, les nouvelles infections diminuent, et la mortalité est faible. Mais beaucoup de cas sont détectés trop tardivement, notamment pour les personnes hétérosexuelles, les HSH en situation de précarité, les travailleurs du sexe, les usagers de drogues injectables, les personnes nées à l’étranger et les plus de 50 ans. L'épidémie est mieux maîtrisée, mais de grandes inégalités subsistent selon les territoires et les modes de transmission.

Plus que jamais l’épidémie du SIDA est une actualité. L’accès à l’information, à la prévention et au dépistage précoce sont donc des moyens efficaces pour protéger les personnes séropositives qu’Aurore accompagne. C’est en levant les obstacles permettant l’accès à ces solutions simples en France que notre prise en charge permettra d’améliorer l’état de santé global et de bien-être de nos publics. »

 

*Source : Santé Publique France

Mots clefs associés : SIDA    VIH