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Charlotte : infirmière et coordonnatrice de la cellule Covid

Les visages d'Aurore

Charlotte Lécot a rejoint Aurore en septembre 2019, après avoir été tour à tour infirmière à domicile, bénévole auprès de travailleuses du sexe, infirmière sur des projets en addictologie. Charlotte aime l’effervescence et les nouveaux projets : c’est un peu ce qui a guidé son parcours professionnel. Portrait d’une jeune femme engagée, qui aime les défis et l’innovation.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir infirmière ?

A l’origine, je voulais être infirmière puéricultrice. Je me suis donc inscrite à l’IFSI Necker Pitié-Salpêtrière. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, en 2009, je voulais finalement m’engager dans des missions de rapatriement sanitaire mais cela nécessitait une formation complémentaire. J’ai alors choisi de voyager : pour cela j’avais besoin de mettre un peu d’argent de côté. J’ai donc fait de l’intérim, aussi bien dans le privé que dans le public mais surtout, dans les soins à domicile.

Ne connaissant pas les soins à domicile, j’y ai une trouvé une vision du soin qui me correspondait mieux qu’en hôpital. Aller chez les gens, y être invitée me donnait l’impression d’être plus proche d’eux et de mieux les accompagner.

Ensuite je suis partie voyager pendant 1 an, notamment en Australie.

 

Comment s’est passé le retour en France ?

J’ai signé un CDI dans une entreprise de soins à domicile et j’ai suivi en même temps un DU « Droit et Stratégie de l’Action Humanitaire » pour pouvoir réaliser des missions de développement, en France ou à l’étranger.

Progressivement, j’ai diminué mon temps de travail et me suis engagée dans du bénévolat auprès de Médecins du Monde sur 2 missions France. D’abord des soins, de l’information et de l’orientation dans un Centre pour des personnes qui n’ont pas accès aux soins. Puis j’ai rejoint la mission LOTUS Bus : j’agissais auprès des femmes chinoises se prostituant en faisant de la prévention. Il y avait également une activité de plaidoyer autour de cette cause qui m’intéressait énormément.

Pendant ces missions de bénévolat, j’ai quitté les soins à domicile et ai intégré l’association Gaïa Paris sur des projets : d’abord le Fibroscan mobile, projet expérimental qui permet d’aborder la question des hépatites virales, de la consommation d’alcool ou bien d’être utilisé comme outil diagnostic en mesurant l’élasticité du foie chez les personnes souffrant d’addictions à l’alcool ou aux drogues, puis auprès de l’antenne mobile du CAARUD.

 

Très vite, c’est donc le secteur associatif qui a retenu votre attention ?

C’est surtout les projets nouveaux et innovants qui m’ont motivée. Après Gaïa, j’ai rejoint le CSAPA Charonne Oppelia où je suis restée 5 ans aussi bien sur le pôle ambulatoire que dans les appartements thérapeutiques. Et finalement c’est encore pour un nouveau projet que je suis arrivée, il y a un peu plus d’un an, chez Aurore au CAARUD Aurore 93. Mon but était de proposer un nouveau mode d’approche des Personnes Accueillies, avec de la coordination de soins. Mais bien vite, la covid est arrivé et tout a été réorganisé.

J’ai été, sur le premier confinement, mobilisée sur 3 missions :

  • avec la fermeture du CAARUD, nous avons réorganisé nos missions et allions à la rencontre des usagers. J’ai continué à leur prodiguer des soins, lorsque j’étais présente dans les locaux.
  • la mise à l’abri des personnes en situation d’addiction sur le 93 (coordonné par le CSAPA Clémenceau)
  • la cellule Covid.

 

Pouvez-vous justement nous parler de cette cellule covid ?

Il y a en fait 2 cellules covid : celle de la première vague et celle de la deuxième.

Au printemps, j’étais la référente paramédicale sur 3 structures du territoire Seine St Denis – Essonne -ESAT : les CHU Maison bleue et le Raincy, le CPH Pré-saint-Gervais. Je faisais beaucoup de veille sur ce virus puisque nous ne connaissions pas encore grand-chose, j’établissais des process et je faisais de la coordination médicale. Il était indispensable de comprendre le terrain, d’écouter les gens, de comprendre leurs nombreuses craintes mais aussi de faire en sorte que ceux qui étaient sous traitement longue durée ne stoppent pas leurs médicaments.

C’était très intense, j’ai découvert tellement de choses, appris énormément. Mais c’était épuisant.

Fin août, on a commencé à voir la deuxième vague arriver. J’ai été à nouveau mobilisée dès fin septembre sur la nouvelle cellule Covid, d’abord à mi-temps puis à temps complet. J’effectue de la veille sanitaire (répertorier les suspicions de cas ou les cas positifs) dans les structures au sein de toute l’association, j’établis des process sur le suivi de ces cas, je prescris, par délégation avec les médecins de la cellule, des tests PCR aussi bien aux salariés qu’aux personnes accueillies. Et je réponds également aux inquiétudes qui restent nombreuses.

Pour les bénéficiaires, nous avons 2 dispositifs, en lien avec l’ARS :

  • Le SAS Covid, pour les cas suspects et les cas contacts,
  • Les CHS Covid, pour les cas positifs avérés.

J’ai participé à la première expérimentation, mandatée par l’ARS, de tests rapides antigéniques dans une structure d’hébergement parisienne. Je participe au projet de les déployer sur les structures Aurore.

Il y a des impacts psychologiques très importants dans cette crise et dans les confinements. Il ne faut surtout pas les négliger : la peur de la maladie, la peur d’être stigmatisé, la peur pour ses proches, la peur d’être isolé… C’est pourquoi il faut beaucoup dialoguer. Et c’est aussi pour cela que les cellules d’écoute psychologique sont nécessaires.

Je suis également intervenue auprès du MNA de Bagnolet pour informer de façon pédagogique sur ce virus et des mesures sanitaires. Avec le Dr Clarissou, nous avons également participé à des comités de direction de territoire.

Il est vraiment indispensable d’informer, de dialoguer et de pouvoir lever les freins psychologiques. J’aurais aimé pouvoir faire de la sensibilisation et de la pédagogie dans d’autres services et être aussi au contact des bénéficiaires.

 

En conclusion, qu’auriez-vous envie de nous dire ?

La cellule Covid est une grande découverte pour moi, elle m’a permis d’avoir un rôle diffèrent dans la gestion de la crise qu’en étant uniquement dans ma structure initiale. Cela m’a permis d’acquérir et de renforcer mes compétences en matière de coordination de soins. J’apprends tous les jours et je découvre également toute l’organisation de l’association.